Tizi ouzou … Menad farrah
Le domaine de la médecine s’est énormément développé au cours du dern siècle, ce qui a contribué à une amélioration notable de l’espérance de vie. Aujourd’hui, et selon le dernier rapport de l’OMS l’espérance de vie à la naissance connaitra une nette amélioration : « alors qu’une personne, née en 2000 pouvait espérer vivre jusqu’à 66.5 ans, celles qui sont nées en 2016 peuvent espérer atteindre les 72ans ».Aussi, les maladies non transmissibles (MNT) tuent chaque année 41 millions de personnes, ce qui représente 71% des décès dans le monde. Chaque année, 15 millions de personnes, âgées entre 30 à 69 ans, meurent d’une MNT et plus de 85% de ces décès «prématurés» surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’avènement de la révolution numérique, l’émergence du « digital Healthcare », et de l’intelligence artificielle (IA) offrent maintenant aux patients la possibilité d’introduire des solutions connectées pour un accès aux soins plus performant, un meilleur diagnostic, une meilleure efficacité thérapeutique et un suivi plus précis. Ce qui interpellent, les médecins futuristes à repenser l’avenir de la profession médicale. C’est quoi l’intelligence artificielle (IA) ?L’intelligence artificielle désigne un ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de fabriquer des machines capables de simuler l’intelligence humaine. L’ambition de créer des machines dont le fonctionnement est semblable à l’esprit humain est née au milieu des années 50. Les activités mentales qu’on cherche à mimer sont de l’ordre de la compréhension, de la perception et de la décision. En plein essor, l’intelligence artificielle, même si elle soulève des questions fondamentales, a produit et continue de produire des avancées spectaculaires notamment dans les domaines de la reconnaissance des formes ou de la voix, de l’aide à la décision ou de la robotique.Alors, la question qui s’impose : jusqu’à quelle mesure la transformation numérique pourra améliorer notre santé et l’accès aux soins ? La réponse devient de plus en plus évidente, puisque la digitalisation concerne toute les étapes du processus médical, le E-rendez-vous, les plateformes médicales du médecin remplaçant, les Apps santé, le dossier médical informatisé, le podomètre, les soins à distance, la téléconsultation, les médias sociaux, les objets connectés, l’intelligence artificielle, le Big- data et mille autres innovations.Voici quelques exemples de technologies numériques qui pourraient nous aider à vivre non seulement plus longtemps, mais aussi à avoir une vie plus saine et plus productive :1. Des moniteurs de santé intelligents : WearablesCe sont de petits appareils portés et qui sont capables de collecter des données personnalisées en temps réel, encourageant des modes de vie plus sains et rassemblant une quantité de données à utiliser dans la recherche médicale. Certaines entreprises ont déjà introduit des appareils portables sur leur lieu de travail pour améliorer le niveau de performance du personnel, en surveillant les niveaux de stress et de la santé. Les entreprises peuvent réviser leur démarche ergonomique ou même les processus internes, conduisant ainsi à une productivité plus élevée.• Les montres ECG :Désormais, les praticiens seront appelés à prescrire des « SMARTWATCH », permettant la mesure et le suivi de la tension artérielle, de l’ECG voire même du Holter tensionnel, ce qui contribuera à mieux prévenir les crises cardiaques et les complications de l’hypertension artérielle, notamment, les accidents vasculaires cérébraux.
Ces dispositifs médicaux vont intégrer les nouveaux formats «standard de l’industrie» à la surveillance de l’activité cardiaque et au contrôle des maladies cardiovasculaires.• La voiture intelligente :Qu’il s’agisse du volant, du siège, de la ceinture de sécurité ou de toute autre partie de la voiture en contact avec le corps humain, l’équipement agira comme un capteur biométrique pour mesurer passivement et en temps réel les signes vitaux et stocker les données dans une base de données. Par exemple, Bosch, fournisseur allemand de technologies pour de nombreuses entreprises automobiles, a développé un système basé sur une caméra qui surveillera les mouvements de la tête et des yeux, ainsi que la posture, la fréquence cardiaque et la température corporelles, afin d’éviter de s’endormir au volant. Cette innovation diminuera le taux de morbidité et de mortalité liée aux accidents de la voie publique.2. le DigitosomeL’étude du génome (le matériel génétique d’un organisme) et, plus récemment, de l’épigénome (tous les marqueurs, ou étiquettes, attachés au génome qui régulent l’expression génique) et du microbiome (tous les génomes de la bactérie habitant organisme) a produit, au cours des dernières décennies, L’augmentation exponentielle de la quantité de données génomiques, associée aux pratiques de partage et d’achat d’entreprises, et la naissance de marchés du Big- data génomique. La société, « Nebula Genomics », une entreprise spécialisée dans le séquençage du génome humain et de données massives pour la santé, a récemment levé un fond de 4,3 millions de dollars afin de développer un marché de la génomique basé sur la crypto-monnaie qui répond aux préoccupations de la confidentialité.Autrement dit, afin d’inciter davantage les consommateurs, Nebula a prévu de les indemniser pour leurs données de santé via un «système de paiement basé sur des jetons de crypto-monnaie : bitcoin ». Étant donné que la plateforme sera basée sur la technologie blockchain, la confidentialité et la confiance sont garanties.Cette augmentation de la puissance de traitement informatique et l’analyse de l’ADN humain – permettra dans le futur de réaliser des tests et des traitements extrêmement personnalisés qui pourraient considérablement améliorer les résultats diagnostiques et thérapeutiques pour les patients pour une vaste gamme de maladies.Les logiciels de diagnostic précis : « le Data driven medecine »Ce système a été inspiré du programme Watson, celui-ci a la capacité d’analyser toutes les données d’un patient : ses symptômes, les consultations médicales, ses antécédents familiaux, ses antécédents personnels ses résultats d’examen, ses habitudes de vie, ses traitements etc. Et appliquer le savoir scientifique à un individu particulier. La firme IBM avait affirmé «le logiciel peut engager avec le professionnel une discussion collaborative dans le but de déterminer le diagnostic le plus vraisemblable et les options de traitement». Et surtout, aller au-delà de cela, comparer un patient particulier, sa situation, et son pronostic en fonction de l’effet de tous les traitements déjà appliqués à tous les patients similaires avant lui.Ceci dit, que le travail du médecin, se résumera plutôt à la coordination du soin, certaines spécialités médicales auront à disparaitre cédant la place à de nouvelles disciplines jusqu’à la inconnues.4. Organes sur pucesUne combinaison de progrès dans le séquençage de l’ADN et la recherche médicale sur les cellules souches a permis aux chercheurs de développer des organes miniatures, basés sur les séquences d’ADN du patient. Connectés à des capteurs électroniques, ils peuvent mesurer la réponse au traitement au niveau cellulaire pour comprendre quelles méthodes thérapeutiques auront le plus de succès avant de les appliquer au patient.Organovo, l’acteur le plus connu du secteur, et les autres sociétés de bioprinting développent activement une technologie viable pour la fabrication de tissus synthétiques par bioprinting 3D. Les modèles de tissus humains bioprintés d’Organovo sont des modèles de tissus humains 3D multicellulaires, dynamiques et fonctionnels destinés aux essais précliniques et à la recherche sur la découverte de médicaments. Ces tissus restent viables et dynamiques in vitro pendant une longue période et présentent des caractéristiques architecturales et fonctionnelles essentielles qui imitent les aspects essentiels de l’environnement tissulaire 3D naturel.Aujourd’hui, le principal défi consiste à réussir des algorithmes utilisant simultanément différentes sources de données interopérables (cliniques, génétiques, appareils connectés, smartphones, big- data, fichiers médicaux, etc.)
Comme souvent, les technologies devancent les questions sociétales. Il faut néanmoins s’interroger non seulement sur la fiabilité de Watson, Apple, Google et Microsoft, mais sur les questions éthiques que leur utilisation suppose (secret médical, protection des données à caractère personnel, éthique médicale, délimitation de la sphère privée).Le déploiement de la digitalisation dans le domaine de la santé a favorisé l’émergence de la notion de l’e-patient, patient engagé ou patient 2.0, qui consultent le web à la recherche d’informations sur la santé. Mais pas seulement : au-delà de la seule information, il s’est vu offrir, au fil des années, la possibilité de participer à des forums ou à des plateformes d’échanges (autour d’une pathologie, des effets indésirables d’un traitement, etc.), de diffuser sa propre expérience via des blogs, de suivre (ou d’interpeller) des leaders d’opinion via les réseaux sociaux… Dans certains cas, il s’est intéressé aux dispositifs connectés pour mieux gérer sa santé, s’auto-prescrire, voire même devenir son propre médecin traitant. Ce qui pourra retarder une prise de décision thérapeutique, le diagnostic d’une maladie grave et/ou urgente ou même l’apparition de complication sévères.Enfin, il devient impératif de s’ouvrir sur le monde digitale et l’IA afin d’améliorer la rentabilité et l’efficacité du domaine médical.Les chercheurs dans ce domaine affirment que : « L’intelligence artificielle ne remplacera pas les médecins. Mais les médecins qui utiliseront l’IA remplaceront ceux qui ne le feront pas ».
Dr GHANIMI Rajae:
Spécialiste en santé et sécurité au travail Présidente fondatrice de l’association Hippocrate Secrétaire général adjoint du réseau des économistes de santé du Maghreb Membre honoraire de l’association malienne de la sécurité au travail.Ecrivaine chercheuse

Pourquoi avez-vous choisi de faire médecine ?
Avant tout, pour la noblesse du métier. J’ai toujours eu une grande soif de connaissance et notamment, un fort intérêt pour la science, la recherche et le travail social. Mon choix s’est donc logiquement porté sur des études qui allient les trois.Diplômée de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, vous avez également poursuivi des études universitaires dans le domaine de santé et sécurité au travail à la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca et de plusieurs formations dans le domaine de la médiation.
Qu’est-ce qui ont motivé ces choix de formation ?
Le choix de ces formations était motivé par ma nature, qui cherche tout ce qui est innovant, tout ce qui est nouveau attire mon attention et ma curiosité.J’ai bénéficié au début de ma carrière d’un stage de formation au sein de la Caisse Régionale de l’assurance maladie du Nord-Pas de calais-Picardie, une expérience qui m’a motivée à s’orienter vers la recherche et le développement dans le domaine de la médecine et de l’assurance maladie , il y va du contrôle des prestations , la gestion des risques , la maitrise médicalisée des dépenses et dernièrement la digitalisation et l’intelligence artificielle … Vous êtes également membre de plusieurs associations dont les noms reprennent souvent les termes « solidarité », « développement », « santé ». Cet engagement, sur le terrain, serait-il essentiel pour vous ?Pour moi, c’est une passion aussi bien professionnelle que personnelle, sur le plan professionnel, c’est à travers le bénévolat que j’exerce la médecine curative qui est ma passion de base, me permettant ainsi d’exercer le métier que j’avais choisi par amour, sur le plan personnel, être bénévole c’est s’investir sans attendre quelque chose en retour, c’est donner le meilleur de soi pour ce que l’on fait, c’est être au service des autres par amour et rien d’autre. L’engagement associatif permet aussi d’acquérir des compétences autres que celles exercées quotidiennement au sein de notre activité professionnelle.La recherche scientifique est également un domaine dans lequel vous êtes investie. Vous avez d’ailleurs publié dernièrement un livre sur la prévention du Cancer.En fait, outre, celui sur la prévention du cancer, qui est d’ailleurs en langue arabe, j’ai deux autres livres. un livre qui s’intitule « le lymphome malin non hodgkinien primitif du rectum » et mon deuxième livre, est un dictionnaire « le dictionnaire des termes d’assurance maladie : tome 1 » , qui représente le premier dictionnaire au monde qui s’intéresse à la terminologie du domaine de l’assurance maladie, il a été aussi parrainé par une maison d’édition en Allemagne , et préfacé par le Directeur du service médical de la caisse d’assurance maladie en côte d’ivoire, qui a considéré ce travail comme fierté africaine.
Pourquoi cet intérêt pour le monde de l’IA et de la digitalisation ?
Il est indéniable que l’avenir de la médecine s’inscrit sous le signe de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies. A mon avis le monde de la santé s’ouvre lentement sur le domaine de l’IA, certainement par précaution, vu la sensibilité du domaine et des contraintes éthiques et déontologiques. Le vrai enjeu, ici, n’est pas seulement d’aller plus vite, mais d’aller doucement et sûrement, de définir les bons objectifs et de se confronter aux justes problématiques. Je vois venir une nouvelle médecine, de nouvelles spécialités, une chirurgie de plus en plus robotisée, des hospitalisations à domicile…. l’IA pourrait devenir la solution magique à la problématique des « déserts médicaux », une discipline qui accompagne le médecin, sans se substituer à lui.